Fil d'Ariane
7 éco-gestes pour réduire l’empreinte carbone du Numérique
Face à la pollution numérique, voici des éco-gestes faciles à appliquer au quotidien pour préserver l’environnement et favoriser le développement durable.
En quelques années, nos habitudes de consommation numérique ont explosé, nos foyers sont suréquipés, internet est omniprésent, nous renouvelons trop régulièrement nos appareils pour des appareils neufs… nous nous sommes créé des besoins, parfois futiles, qui profitent à beaucoup d’entreprises pas toujours vertueuses.
A notre échelle en tant qu’utilisateurs et utilisatrices, nous pouvons limiter notre impact en modifiant nos habitudes et en adoptant un comportement éco-citoyen. C’est cela prendre sa part dans le développement durable.
Plus nous serons nombreux à appliquer au quotidien des éco-gestes numériques simples, plus nous pourrons agir en faveur d’un numérique plus respectueux de la planète.
I - Le Constat
Ordinateurs, smartphones, tablettes, montres connectées…tous ces appareils numériques nous permettent de gagner du temps, d’accéder à une mine d’informations ou encore de communiquer plus efficacement. Nous les avons adoptés et ils font aujourd’hui partie de notre quotidien ; mais ils ont aussi un impact toujours plus important sur l’environnement et les ressources naturelles.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette croissance constante de la consommation énergétique du Numérique, dont :
- La généralisation du smartphone à travers le monde ;
- L’essor de la vidéo : TV, écrans publicitaires, moniteurs de grande taille ;
- L’essor de l’IoT et des appareils connectés ;
- Des besoins importants de traitement et de transport de données (l’explosion du trafic de données mobiles, l’IA, les crypto-monnaies).
Quels sont les impacts environnementaux que représente le Numérique ?
Dans le monde, le Numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre, soit 1.5 fois plus que le transport aérien. Et ce chiffre risque de doubler d’ici 2025.
En France, il représente plus de 2% des émissions de gaz à effet de serre et pourrait atteindre les 7% d’ici 2040.
Le Numérique est un secteur qui semble immatériel. Mais les principaux responsables de son impact environnemental sont :
- La fabrication des terminaux que nous utilisons au quotidien (TV, ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…)
- Le fonctionnement du réseau internet composé d’une multitude d’équipements (câbles, ordinateurs, ...) qui stocke et traite un nombre incalculable de données (emails, photos, vidéos, pages web,…). Ces équipements sont également fabriqués et nécessitent d’être alimentés en énergie pour fonctionner.
Nous devons prendre conscience de cette pollution numérique quasi invisible et appliquer des gestes pour limiter cette consommation d’énergie et tendre vers une sobriété numérique.
II - 7 éco-gestes pour un Numérique plus éco-responsable
1/ Réparer et recycler les équipements informatiques
- 75 % des impacts du secteur numérique sont dus à la fabrication des appareils,
- 88% des français remplacent leur téléphone portable alors qu’il fonctionne encore,
- 20 millions de tonnes de déchets produites chaque année par l’industrie du Numérique.
C’est le tout premier geste à faire : faire durer nos équipements en prenant soin et en les réparant. Évitons, dans la mesure du possible, d’acheter neuf.
Des alternatives au neuf existent, plus écologiques et plus économiques !
Depuis le 1er janvier 2021, l’indice de réparabilité est présent sur plusieurs produits, dont les smartphones, ordinateurs portables et télévisions. Plus la note s’approche de 10, plus l’appareil sera facile à réparer (démontage facile, pièces détachées faciles à trouver et peu onéreuses...).
Donc avant de remplacer notre appareil, vérifions s’il peut être réparé. Il existe de nombreux tutos en ligne qui peuvent nous guider, ou bien nous pouvons nous rendre dans un des Repair Café par exemple, si nous ne souhaitons pas faire appel à un réparateur.
Si notre appareil est irréparable, ayons le réflexe du reconditionné. Des plateformes nous permettent d’acheter des appareils reconditionnés qui sont testés, nettoyés et restaurés par des professionnels. Ce qui permet d'allonger la durée de vie de ces appareils.
Notre appareil est en fin de vie, recyclons-le !
On estime à environ 20 millions de tonnes de déchets produites chaque année par l’industrie du Numérique.
Les appareils numériques, contiennent des composants dangereux pour la santé et l’environnement mais également des matières rares pouvant être réutilisées. Alors pensons à les ramener dans les nombreux points de collecte (revendeur en informatique et en téléphonie, bornes de collecte situées dans les grandes surfaces ou en déchèterie).
Voici la liste des matériaux utilisés dans la fabrication d’un ordinateur portable :
Mais il faut aussi l’avouer, même avec la meilleure volonté et des gestes au quotidien pour entretenir nos appareils ou les réparer, et même si les mentalités commencent à changer, nous sommes toujours dépendants de l'obsolescence programmée des fabricants qui nous incitent à acheter toujours plus et toujours neuf.
2/ Alléger les boîtes mail
- 10 à 12 milliards de mails échangés en 1 heure dans le monde (hors spam) .
- Le bilan carbone d’1 mail avec pièce jointe équivaut à 35 g de CO2 et celui d’ 1 mail sans pièce jointe équivaut à 4 g de CO2.
Envoyer des emails est beaucoup plus énergivore que de les stocker. Alors n’envoyons un email que lorsque c’est indispensable, ciblons les destinataires en évitant de “répondre à tous” systématiquement, et supprimons les pièces jointes d'un message auquel nous répondons.
En règle générale, l’idéal est d'éviter d’attacher des pièces jointes et de privilégier les liens hypertextes pour transmettre des documents. Si nous n’avons pas le choix, il faut les alléger en compressant les fichiers et en redimensionnant les images.
Évitons d’intégrer systématiquement une signature électronique avec logos et images, ceci alourdit les mails à chaque envoi.
Utilisons la messagerie instantanée de notre entreprise (si elle existe) pour échanger avec nos collègues plutôt que de leur envoyer un mail.
3/ Limiter les consommations d’énergie
La 4G consommerait 23 fois plus d’énergie que le WiFi (source Arcep). Privilégions donc les connexions filaires et Wifi à la 4G.
Pour une meilleure autonomie, nous pouvons activer le mode “économie d’énergie” sur notre ordinateur et sur notre smartphone (luminosité diminuée, mise en veille automatique, écran de veille noir, etc).
Pensons aussi à désactiver les fonctions GPS, Wifi, Bluetooth sur notre téléphone ou notre tablette quand nous ne nous en servons pas, ou activons le mode “avion” ou encore mieux, éteignons-les. Et en fermant ou en supprimant les applications inutilisées, notre smartphone gagnera aussi en autonomie.
Nous avons l'habitude de laisser nos appareils allumés ou en veille en permanence (ordinateurs, box, TV). Alors éteignons-les mais surtout débranchons-les ! Car même éteints, ils continuent à consommer. Une multiprise programmable peut faire des miracles pour votre TV / box en la coupant la nuit par exemple.
4/ Optimiser la navigation Web et limiter les requêtes web
- 1 seule recherche équivaut à 10g de CO2 = 9.9 kg de CO2 par an et par utilisateur en moyenne (source ADEME). Sachant qu’environ 140 millions de requêtes sont effectuées par heure !
Pour limiter cette consommation, saisissons directement l’URL du site (si nous la connaissons) dans la barre de navigation plutôt que de passer par une recherche et enregistrons nos sites préférés pour un accès plus rapide (créons des favoris).
Et pourquoi pas télécharger « Carbonalyser » ? C’est une extension de navigateur qui permet de nous sensibiliser aux impacts de notre navigation web sur l’environnement en rendant visible notre consommation électrique.
5/ Limiter les flux de données
- 10h de film en HD contiennent plus de données que l'intégralité des articles en anglais de Wikipédia (source The Shift Project).
Le streaming nécessite une bonne connexion pour supporter la qualité de la vidéo visionnée. Les plateformes de diffusion proposent en parallèle de télécharger ces contenus sur leurs applications pour pouvoir les visionner hors connexion. Alors pensons à télécharger avant plutôt que de streamer pendant un voyage !
Nous pouvons aussi visionner des vidéos en basse définition plutôt qu’en HD ou encore écouter la musique en audio sans regarder les clips. Pendant vos réunions en visio, vous disposez d’une bonne excuse pour couper la vidéo ;-).
Nous avons aussi pris l’habitude d’utiliser le cloud qui est très énergivore, alors qu’il nous suffirait de stocker localement sur nos appareils.
Et pour nos réunions ou autres RDV familiaux à distance, préférons les échanges en audio plutôt qu’en vidéo. Le flux de données en audio consomme moins de bande passante que la vidéo ! Mais l’idéal reste encore l’utilisation de la ligne téléphonique plutôt que la data même (appels Facebook / Whatsapp / Signal...).
6/ Favoriser l’éco-conception web
Pour schématiser, un site internet est composé d’une base de données et de plusieurs pages web elles-mêmes composées d'éléments visibles par l’utilisateur (textes, images, vidéos) et invisibles (les codes sources - HTML, CSS, Javascript). Ces pages web sont hébergées sur un serveur web. Et plus il y a d’informations à stocker et à traiter, plus le serveur aura besoin d’énergie.
Pour remédier à cette pollution, il est possible de prendre en compte l’impact environnemental lors de la conception d’un site internet tout en intégrant les enjeux de visibilité, conversion et revenu.
Plusieurs bonnes pratiques sont déjà connues et utilisées par les développeurs dans leur démarche d'éco-conception web. Parmi les 115 bonnes pratiques, voici quelques exemples pour un site plus éco-friendly :
- Elimination des fonctionnalités inutiles
- Design simple et épuré adapté au web
- Réduction du nombre de vidéos et d’animations (ou qualité optimisée)
- Limitation du nombre de requêtes HTTP
- Limitation des trackers marketing sur chaque page de son site
- Stockage en local des données statiques
- Utilisation de la saisie assistée plutôt que l’autocomplétion
Mais la technique ne fait pas tout ! Dans un monde qui fait la part belle à l’animation et aux vidéos, nos mentalités doivent changer pour alléger les sites web et rendre internet moins énergivore.
7/ Choisir un hébergeur éco-responsable
- Les data centers de 10 000 m² consomment en moyenne autant qu’une ville de 50 000 habitants
- En 2018, 50% de l'énergie nécessaire au service AWS -Amazon Web Services- reposait sur des sources fossiles (Source Greenpeace)
Comme nous l’avons vu dans le point précédent, les sites internet sont hébergés sur des serveurs (souvent regroupés dans des datacenters) qui consomment énormément car ils ont des besoins importants en électricité mais aussi en espaces climatisés.
Ces datacenters sont une menace pour l’environnement ; le nombre de données à stocker et à traiter ayant explosé, le nombre de datacenters augmente et on en compte aujourd'hui plus de 8 millions dans le monde (contre 500 000 en 2012).
Outre l’espace que demandent ces centres de traitement de données, le regroupement de tous ces appareils nécessite des systèmes de refroidissement imposants pour leur bon fonctionnement. On estime que près de 40 % de l’énergie utilisée par un datacenter serait dûe au refroidissement.
Parmi les bonnes pratiques d’éco-conception numérique, nous pouvons choisir un hébergeur web éco-responsable pour son site internet.
Choisir un hébergeur vert, c’est vérifier qu’il utilise bien les énergies renouvelables ou qu’il est engagé dans une démarche globale d’économie d’énergie (par exemple en utilisant un système de refroidissement passif).
III - Impact sur Happyculture et notre activité de développement web
En tant qu’agence web éthique et responsable, nous admettons avoir notre part de responsabilité dans la situation actuelle et dans la consommation de ressources : les ressources nécessaires à la fabrication de notre équipement, l’électricité utilisée par nos appareils pour la conception des sites internet de nos clients, mais aussi celle consommée par les serveurs qui hébergent ces sites.
Pour ces raisons, nous nous interrogeons depuis plusieurs années sur les conséquences de notre activité pour l’environnement. En 2019, nous avions d’ailleurs calculé les émissions liées à notre métier de développeur web : consommation et production de notre équipement, et nos déplacements professionnels.
Au quotidien, nous essayons de mettre en place des actions :
- Toute l’équipe est en télétravail et nous limitons nos déplacements, sauf pour nous rendre chez nos clients (rarement) et pour organiser des rencontres équipe (encore plus rarement). Et, quand nous nous déplaçons, nous privilégions autant que possible les transports en commun,
- Nous essayons de faire durer notre équipement au maximum en ne remplaçant que le nécessaire (disque dur SSD, mémoire, batterie),
- Nous apportons des conseils à nos clients dans l’éco-conception de leur site internet même lorsque cela ne fait pas partie de l’objet initial de la mission,
- Nous plantons des arbres à chaque questionnaire complété par nos clients pour compenser notre empreinte carbone et lors de diverses autres occasions plus ponctuelles,
- Nous mettons au repos nos serveurs d’intégration continue autant que possible pour qu’ils ne se mettent au travail que lorsqu’il y a des nouvelles fonctionnalités ou des gens qui vont les tester (ex : pas de construction le weekend).
IV - Des acteurs mobilisés pour un numérique responsable
La plateforme Produits Durables aide ses utilisateurs à lutter contre l'obsolescence programmée en identifiant les produits pouvant être réparés et recyclés.
Le rapport pour une sobriété numérique de The Shift Project, un laboratoire d’idées de la transition énergétique, dresse les impacts négatifs et partage ses recommandations pour un numérique moins énergivore.
GreenIT offre une source d’informations sur le numérique responsable et durable.
L’ADEME propose dans son guide de découvrir la face cachée du numérique et donne des clés pour agir.
V - Quelques dates à retenir
5 juin 2022 : la Journée mondiale de l'environnement 2022 dont le thème sera “Une seule Terre” mettra l’accent sur un mode de vie plus vert, plus durable en harmonie avec la nature.
Du 18 septembre au 8 octobre 2022 : la Semaine Européenne du Développement Durable (SEDD), en lien avec l’Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement durable, a pour objectifs de promouvoir et de sensibiliser le plus grand nombre au développement durable.
VI - Ressources supplémentaires
Le référentiel GreenIT qui recense 65 pratiques clés de l’écoconception
Le référentiel général d’éco-conception de service numérique actuellement mené dans le cadre de la mission interministérielle « Green Tech »
Une start-up bordelaise a mis au point une batterie réparable car démontable
ADEME : En route vers la sobriété numérique
L’article de l’Usine Nouvelle “Les principaux résultats de l'évaluation par l'Arcep de l’empreinte environnementale des télécoms en France”.
Crédits photo : Aaron Burden sur Unsplash
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À propos de Stéphanie
J’exerce dans la fonction Marketing depuis quelques années, principalement en Marketing digital et relationnel. J’ai développé mes compétences au sein de structures nationales et internationales, dans le tourisme, l’évènementiel, la restauration ou encore la sécurité web.